Les grandes thématiques de la prise en charge
Modifier son alimentation
« Manger, c’est vivre ! ». Les aliments consommés sont transformés en énergie nécessaire au bon fonctionnement de l’ensemble de nos organes (métabolisme de base). Les aliments sont notre unique source d’énergie ! Manger est donc un acte nécessaire et vital.
On a dit beaucoup de choses sur l’alimentation ces 30 dernières années, parfois tout et son contraire. Le mythe de l’alimentation dite « équilibrée » a envahi nos cuisines sans pour autant nous rendre de réels services…
Aujourd’hui, il convient de faire preuve d’un peu d’humilité en matière de conseils alimentaires et de retrouver du bon sens. Il n’y a pas d’alimentation parfaite, ni de recette magique pour maigrir ou ne pas grossir.
Les données scientifiques les plus récentes encouragent d’ailleurs à moins se poser de questions sur l’alimentation « équilibrée » et à préserver une alimentation variée de bon sens en suivant les propositions faites par le plan national nutrition santé (PNNS).
Il est actuellement reconnu qu’il faut écouter ses signaux internes (faim et rassasiement, ressenti dans on mange plus lentement) qui nous renseigne sur les besoins en énergie de notre organisme etqui vont permettre de réguler notre poids. Ecouter son appétit et le respecter seraient la meilleure façon de manger ! Ecouter son appétit, c’est « manger quand on a faim » et « cesser de manger dès qu’on n’est rassasié », tout en mangeant de façon variée, sans interdits alimentaires. Le plaisir de manger est aussi un plaisir important à respecter.
Aucun aliment ne fait donc grossir ! C’est l’excès qui fait prendre du poids. On peut considérer comme « excès », ce qui est mangé sans avoir réellement faim ou au-delà du sentiment de rassasiement. D’un autre côté, aucun aliment ne fait maigrir. Les aliments brûle-graisse n’existent pas !!!
En résumé, plutôt que de continuer à chercher les meilleurs conseils diététiques, il vaut mieux remettre en question ses propres habitudes alimentaires et écouter son corps. Les approches thérapeutiques actuelles ciblent l’appétit, les sensations de faim et de rassasiement (quand on n’a plus faim). Ces approches thérapeutiques ne font pas de miracle en termes de perte de poids rapide mais aident à restaurer des habitudes alimentaires sereines, préviennent la prise de poids et permettent, dans les cas simples, une perte de poids durable.
Ainsi, il suffit parfois de cesser de grignoter (manger de petites quantités d’aliments sans avoir faim) pour perdre du poids.
Dans les cas complexes, il arrive que les signaux de l’appétit ne soient plus perçus ou que le comportement alimentaire soit dominé par « des envies de manger quand ça ne va pas » autrement appelé alimentation émotionnelle. Dans ce cas, parlez-en à votre médecin : une consultation chez un spécialiste est nécessaire.
Les régimes
Le principe des régimes est également largement remis en question, notamment depuis la publication du rapport de l’ANSES en 2009. Ce rapport a été rédigé par un comité d’experts en nutrition et souligne les effets indésirables des régimes et leurs dangers sur la santé. Il est désormais démontré que les régimes font grossir sur le moyen ou long terme ! En effet, s’ils peuvent permettre une perte de poids temporaire, la perte de poids est suivie la plupart du temps d’une reprise de poids plus importante que le poids perdu initialement. C’est ce qu’on appelle « le yoyo » pondéral.
Les régimes restrictifs, tout comme les diètes protéinées n’ont aujourd’hui plus de place dans la prise en charge de l’obésité. Une approche globale, assurée par une équipe pluridisciplinaire, est recommandée.
L’activité physique
L’évolution de notre mode de vie facilite notre quotidien (électroménager), nos déplacements (automobile ou transport en commun) et limite nos dépenses physiques. Nos loisirs aujourd’hui (télévision, ordinateurs, jeux vidéos…) font également de nous des individus de plus en plus sédentaires. Pour pallier ce constat, des campagnes de prévention en matière de santé encouragent la lutte contre la sédentarité et la pratique d’une activité physique adaptée et régulière (atteindre 30 minutes de déplacements actifs par jour au moins 5 jours sur 7 et ajouter deux sessions de renforcement musculaire par semaine)…
Dans la réalité, pratiquer de l'activité physique n’est pas toujours facile : manque de temps, douleurs articulaires ou essoufflement en cas d’excès de poids, doute sur ses capacités, peur du regard des autres en cas d’obésité sévère…
Restons simples et pragmatiques. L’activité physique « inclut tous les mouvements effectués dans la vie quotidienne et ne se réduit pas à la seule pratique sportive ». Bouger plus, c’est déjà bien et de manière adaptée à ses capacités. Rien ne sert d’avoir des objectifs irréalistes, de s’imposer une inscription dans une salle de sport si on n’en a pas envie.
De nombreuses associations proposent de l’activité physique adaptée (de l'APA, c'est à dire adaptée à vos capacités, besoins et envies) en groupe, en salle ou sur l’extérieur et accessible à tous : clubs de marche, de marche nordique, de gymnastique douce, d’aquagym, etc… ces renseignements peuvent être disponibles à lamairiede son lieu de vie.
Si vous êtes déjà plutôt actif au quotidien, d’autres objectifs peuvent être envisagés. Il est important d’aller à votre rythme et surtout de pratiquer une activité physique qui vous plaise. Le plaisir est la meilleure des motivations.
En cas de doutes et de problèmes de santé tels que le diabète et l’hypertension, il est préférable de vérifier l’absence de contre-indication lors d’une consultation avec votre médecin traitant. Parfois des examens cardiologiques vous seront prescrits.
En cas d’obésité sévère, les unités pluridisciplinaires proposent aux patients un accompagnement spécifique pour la reprise d’une activité physique. Cet accompagnement est assuré la plupart du temps par un enseignent en Activité Physique Adapté compétent en matière de santé. Cet accompagnement vous permettra de reprendre très progressivement une activité douce, à votre rythme et en toute sécurité pour pouvoir ensuite envisager l’activité de votre choix, près de chez vous et compatible avec votre quotidien.
La prise en charge psychologique
L’excès de poids rend la vie souvent plus compliquée. Discrimination à l’emploi, mauvais accueil dans les magasins, jugements de valeur négatifs, regard des autres peu indulgent, voire moqueries… autant de situations qui minent l’estime de soi et la confiance en soi. Apprendre à s’affirmer, développer son sentiment d’efficacité personnelle et l’estime de soi sont parfois des moyens d’aller mieux et de reprendre sa vie et sa santé en main. Les psychologues sont compétents dans ces domaines.
Parfois, c’est l’image que nous renvoie le miroir qui fait souffrir. On parle alors de Trouble de l’Image Corporelle. Un accompagnement psychologique permet souvent d’aller mieux et d’apprendre à changer de point de vue sur soi, pour aller moins mal.
Dans d’autres circonstances, l’excès de poids est associé à des problèmes de santé tels que la dépression, l’anxiété, les TOCs (Troubles Obsessionnels Compulsifs) ou toute autre maladie psychiatrique. Il est alors important de rechercher un lien éventuel entre la maladie et la prise de poids. Très schématiquement, le mal-être, quelle que soit son origine, peut induire des « envies de manger » :
Je ne vais pas bien → je mange → je prends du poids
Dans ce cas, la prise de poids n’est que la conséquence d’une problématique plus complexe. Le rôle du psychologue est d’évaluer la situation et de hiérarchiser les priorités de prise en charge : aller mieux sur le plan psychologique avant de soigner son comportement alimentaire.
Lorsque le comportement alimentaire est très perturbé, on parle de Trouble du Comportement Alimentaire. Envies de manger impérieuses, sentiments de perte de contrôle, compulsions alimentaires, etc … témoignent souvent d’une dérégulation franche de l’appétit. Il n’existe pas de médicaments dits « régulateurs d’appétit ». La seule approche thérapeutique efficace est une approche psychologique. Elle est assurée sous la forme de consultations individuelles ou de groupe et prend le nom de psychothérapie. Actuellement, les psychothérapies comportementales et cognitives semblent les plus adaptées aux troubles du comportement alimentaire. Ces thérapies sont des thérapies actives, basées sur l’observation et des mises en pratiques. Il ne s’agit pas simplement de parler de ses problèmes mais de mieux comprendre ses propres envies de manger.